Renato Hofer
Exposition du 10 juin au 10 août 2019
Les premiers dessins de cette série ont été réalisés à São Paulo en 2010, au cours d’un hiver particulièrement rigoureux, alors que la ville était pleine de centaines de couvertures qui protégeaient les sans-toits du froid soudain.
Le titre de l’exposition fait référence à la chanson « Meu Enxoval » (Mon Trousseau) de Gordurinha et José Gomes, où le rythme festif de l’enregistrement classique de Jackson do Pandeiro contraste avec l’histoire dramatique d’un immigrant incapable de retourner dans sa ville natale et qui qui ne possède rien d’autre que le journal qu’il utilise comme oreiller et drap.
La chanson a été composée en 1958, lorsque la capitale du Brésil était encore Rio de Janeiro. La construction de Brasilia et le rêve de l’intégration nationale se sont révélés sans fondement, comme la dictature militaire de 1964 l’a clairement montré.
Soixante ans plus tard, on peut dire que malgré les avancées sociales de la réouverture démocratique, la situation s’est aggravée, car il est évident que c’est le maintien de ce déséquilibre Nord –Sud qui soutient la stratification entre les classes, la base de la société brésilienne depuis l’arrivée des colonisateurs.
Les dernières élections ont constitué une nouvelle rupture dans une histoire déjà troublée, où une rancune insidieusement nourrie a permis de « naturaliser » l’ingérence des milices et l’assassinat de dirigeants communautaires, soutenu par un groupe de politiciens particulièrement obscurantistes, dans une mise à jour inquiétante de la musique Haiti de Caetano Veloso et Gilberto Gil.
La base matérielle de la réalisation des dessins de l’exposition est constituée par des journaux populaires partiellement recouverts de blanc, mais révélant toujours l’histoire des atrocités sur lesquelles les gens dorment, parfois en plein air, ou sous des couvertures graphiques pouvant être soit le refuge, soit le linceul.